Envie d’être… comédien(ne)

20 avril 2018 (Modifié le 29 août 2018) Envie d'être ...

Découvre l’interview de Manon Lepomme, 29 ans, comédienne.

 

Comment es-tu devenue comédienne ?

Depuis toute petite, je rêvais d’être comédienne au théâtre. Dès mes 7 ans, j’ai suivi des cours de diction, déclamation et art dramatique à l’académie. Mes parents ne voulaient pas que je fasse des études artistiques, j’ai donc fait sciences po à l’ULg, tout en continuant les cours de théâtre. Une fois mes études terminées, mon prof d’art de la parole m’a proposé de monter un spectacle solo. De là, tout en travaillant comme prof, j’ai commencé à jouer ce spectacle à travers la France et la Belgique. La tournée a duré 4 ans, 250 représentations.

Au début, je jouais très peu, une quinzaine de fois par an, puis, plus on avançait, plus je jouais, ce qui m’a permis, au bout de 3 ans, d’arrêter le métier de prof pour me lancer à temps plein comme comédienne. Ensuite, j’ai écrit un spectacle avec lequel je tourne actuellement “Non, je n’irai pas chez le psy !”. Un an d’écriture et de mise en scène, la première a eu lieu en octobre 2016. À l’heure actuelle, j’ai joué près de 200 fois, en un an et demi, c’est beaucoup, notamment au point virgule à Paris et à Avignon.

En quoi consiste ton métier ?

À titre principal, je joue mon spectacle seule en scène: de cette activité découle un certain nombre d’autres activités : interviews radios / télés, participation à des plateaux d’humoristes… En Belgique, je m’autoproduis, ce qui implique beaucoup de travail : administratif, communication, diffusion. Depuis peu, nous travaillons en binôme, mais c’est moi qui définis la stratégie. J’ai également une attachée de presse qui se charge de tout ce qui est relation presse: l’attirer au spectacle, faire parler du spectacle, etc. C’est vraiment essentiel pour faire décoller une carrière.

Quelle est ta journée type ?

Il n’y a pas deux journées qui se ressemblent. Il y a des jours où je répète avec mon metteur en scène, puis j’ai des interviews. Parfois, je fais 2h de trajet pour 3 min d’antenne. C’est frustrant mais ça fait partie du métier. J’ai parfois aussi des séances photos. J’ai du travail “de bureau” avec ma chargée de production. On parle de négociation de contrat, d’organisation de tournées, etc. J’ai aussi des réunions avec mes régisseurs pour améliorer la partie technique du spectacle.

Quand je joue en Belgique, je quitte la maison vers 15h avec mon régisseur et on rentre rarement avant minuit. Pour des “grosses” dates que je produis, je briefe toujours l’équipe une semaine avant, pour que tout soit bien coordonné. L’équipe se constitue de moi, la chargée de prod, 1 régisseur principal et 1 régisseur assistant. On essaye un maximum de communiquer entre nous. Se voir et se sentir comme une équipe, c’est très important! J’ai aussi pas mal d’échanges avec le graphiste qui fait mes affiches, flyers et les visuels Facebook.

Quels sont les aspects positifs et négatifs ?

Le positif, c’est la reconnaissance du public! Je ne suis jamais plus heureuse que sur scène. Je rencontre énormément de gens intéressants (tant dans le public, qu’au niveau artistique, que des organisateurs) c’est très galvanisant comme boulot… c’est pas un boulot, c’est une passion, un rêve ! C’est pas le bonheur ça ?

Le négatif, c’est le côté administratif, les trajets, l’attente au spectacle (il faut attendre 20h-21H avant de jouer). Et puis, c’est parfois difficile de ne pas se décourager, on est tellement nombreux en humour… Vous êtes aussi décalés par rapport à votre entourage. Ce n’est pas facile d’avoir une vie sociale, de famille et de couple. Mais le bonheur qu’on ressent sur scène le vaut bien. Et puis, de plus en plus, j’essaye de m’aménager des moments pour palier à tout ça.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un jeune qui voudrait devenir comédien ?

Il faut bosser sans cesse. Mais avant tout, avoir un bon spectacle. Il faut bien s’entourer, avoir des personnes bienveillantes avec qui travailler. La première chose à travailler, c’est l’aspect artistique… faut bosser l’écriture, la mise en scène… avant toute autre chose et puis en avant, il faut jouer jouer jouer ! Se fixer des objectifs, d’abord des petits. Parce qu’il faut remplir les salles. Faut aller chercher le public ! Personne ne va venir vous chercher quand vous répétez dans votre salon…

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